[Focus] Hypertension, troubles cardiovasculaires et auditifs : Ce que le concert de casseroles et de klaxons peut générer
Les bruits ont des effets adverses insoupçonnés sur la santé humaine. En réalité, la pollution sonore est sur le registre des risques pour la santé. Du moins, c’est ce que révèle une étude de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) publiée en 2014.
Impact auditif
Les bruits, en fonction de leur intensité, agissent de manière directe sur l’audition. L’exposition à certains degrés produit des effets nuisibles sur la santé. Le son est produit par une variation de la pression de l’air. Physiquement, un bruit se compose d’un ensemble de sons. Physiologiquement, un bruit est le plus souvent associé à une gêne. En fait qu’est-ce qu’un bruit ? C’est un « son qui produit une sensation auditive considérée comme désagréable, gênante ou dangereuse pour la santé. Chaque personne possède sa propre perception du bruit qui dépend de composants multiples liés au contexte, à l’histoire personnelle et culturelle ».
Le son est le produit d’une vibration acoustique caractérisée par son intensité (de faible à fort, exprimée en décibels et quantifiant le niveau de pression), sa fréquence (mesurée en hertz) ayant une incidence sur la tonalité (grave ou aiguë) et sa durée.
Destruction des cellules ciliées de l’oreille
Une exposition prolongée aux bruits intenses (musique, concerts) détruisent progressivement les cellules ciliées de l’oreille interne et conduit à une surdité irréversible, car ces cellules ne se régénèrent pas. D’ailleurs, il a été démontré que des troubles auditifs peuvent être observés suite à une exposition. Mais au-delà de ces effets constatés sur l’audition, c’est aussi le développement d’autres nuisances sonores qui affectent notre bien-être comme notre santé.
Des effets sur le système cardiovasculaire
D’autres études ont établi la corrélation entre l’exposition aux bruits et le déclenchement des effets physiologiques chez l’individu. Une étude rendue publique en février 2019 menée par l’Observatoire du bruit (Bruitparif) indique que, rapportée à l’individu, la pollution sonore fait perdre en moyenne 10,7 mois de vie en bonne santé (du fait du bruit cumulé des transports par individu au cours d’une vie entière, au sein de la zone dense francilienne). Cette étude s’est basée sur l’indicateur de l’OMS, DALY – Disability-Adjusted Life Years), qui permet de quantifier les années de vie en bonne santé perdues à cause de pathologies entraînées par la pollution sonore).
De plus, selon une étude publiée dans la revue European Heart Journal, en juin 2015, le bruit pourrait aussi avoir des effets sur le système cardiovasculaire. A court terme, il peut augmenter la tension artérielle et temporairement le rythme cardiaque. D’autant plus que le bruit engendre la sécrétion d’hormones de stress (le cortisol par exemple), favorisant un peu plus à l’hypertension et autres troubles cardiovasculaires. C’est pour prévenir ces effets néfastes que les émissions de bruit sont encadrées dans plusieurs pays.
La pollution sonore est punie par le Code de l’environnement du Sénégal. La preuve, la loi n° 2001- 01 du 15 janvier 2001 portant code de l’environnement dispose, en son article L84, que « sont interdites les émissions de bruits susceptibles de nuire à la santé de l’homme, de constituer une gêne excessive pour le voisinage ou de porter atteinte à l’environnement. Les personnes physiques ou morales à l’origine de ces émissions doivent mettre en œuvre toutes les dispositions utiles pour les supprimer. Lorsque l’urgence le justifie, le Ministre chargé de l’Environnement (…) doit prendre toutes mesures exécutoires destinées d’office à faire cesser le trouble. »
En conséquence, toute personne qui ne respecte pas cette disposition s’expose à une amende allant de 500.000 francs CFA à 2.000.000 F CFA. « Le décret n° 2001 – 282 du 12 avril 2001 portant application du Code de l’environnement, en son article R 84, précise que « les seuils de bruit à ne pas dépasser sans exposer l’organisme humain à des conséquences dangereuses sont de cinquante-cinq (55) à soixante (60) décibels le jour et de quarante (40) décibels la nuit. », rappelle Dr Diomaye Dieng, enseignant-chercheur, à l’Institut des sciences de l’environnement à la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le chimiste environnementaliste avance que la pollution sonore est bien encadrée au Sénégal. « Le respect du Code de l’environnement s’impose à tout citoyen responsable et soucieux d’une bonne gestion du cadre de vie », conclut-il.