Abdulhamid Dabaiba : « Il n’y aura pas de quatrième guerre en Libye »
Report des élections, insécurité chronique, rivalité avec Fathi Bachagha… Le Premier ministre libyen s’est livré à Jeune Afrique en exclusivité.
La tension est montée d’un cran à Tripoli. Le 10 juin, des affrontements entre deux groupes armés, en plein centre-ville, ont fait une victime. Un mois plus tôt, le gouvernement parallèle soutenu par le maréchal Haftar a tenté de rentrer en force dans la capitale pour déloger le gouvernement d’union nationale – en place depuis un peu plus d’un an.
Depuis l’annulation des élections – initialement prévues en décembre 2021 -, deux camps rivaux se disputent à nouveau le pouvoir sans parvenir à planifier un nouveau scrutin. Résultat, Fathi Bachagha a formé en mars dernier un gouvernement « bis », soutenu par le président du Parlement, Aguila Saleh, dans la ville côtière de Syrte.
Mais toutes les institutions, en particulier la Banque centrale, restent contrôlées par Abdulhamid Dabaiba, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale reconnu par l’ONU. Selon la feuille de route rédigée sous l’égide de l’institution, son mandat arrive théoriquement à échéance le 21 juin prochain.
« Nous sommes tous en retard », se justifie le Premier ministre dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique. Et Abdulhamid Dabaiba assure qu’il n’y aura pas de nouveau conflit.
Jeune Afrique : Cela fait plus d’un an que vous occupez le poste de Premier ministre du gouvernement d’unité nationale nommé le 5 février 2021. Quel était votre but premier ?
Abdulhamid Dabaiba : Empêcher toute guerre. Ensuite, nous avons voulu nous occuper des Libyens qui ont souffert ces dix dernières années, qui ont perdu leur emploi et dépendent de l’aide alimentaire internationale alors que notre pays est riche. Nous avons donc augmenté les pensions de retraite et les aides sociales.
L’organisation d’élections générales n’était pas votre priorité ?
Les élections l’étaient, mais notre part de responsabilité est très limitée en ce qui concerne leur annulation, le 24 décembre dernier. Le gouvernement est surtout responsable de la sécurité lors du scrutin.
Nous avons mobilisé 26 000 policiers pour ce vote, et avons alloué un budget de 50 millions de dinars [près de 10 millions d’euros, NDLR] à la Haute Commission nationale électorale [HNEC]. Mais nous n’avons pas de loi électorale, ni de base constitutionnelle pour ce scrutin. Cela est du ressort du Parlement, entre autres.