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Matthieu Ousmane Seye, après sa défaite en série : «Je ne suis pas déçu, mais je voudrai m’en excuser auprès de mes compatriotes sénégalais »

Le nageur sénégalais refuse d’abdiquer. Battu en séries du 100 m nage libre hier, mardi 30 juillet 2024, Matthieu Ousmane Seye promet de relever le defi aux JO de Los Angeles 2028. D’ailleurs, le natif de la Martinique a tenu à présenter ses excuses à ses compatriotes sénégalais. Il s’est entretenu avec Sud Quotidien.

Pouvez-vous vous présenter davantage aux Sénégalais ?

Je m’appelle Matthieu Ousmane Seye. Cela fait six ans que je suis en équipe du Sénégal. Au début, je nageais un peu de façon amateur. J’ai commencé à mettre l’objectif des Jeux olympiques dans ma tête à partir de 2021. J’ai une très grosse progression. Je me suis toujours entraîné en France majoritairement ; j’ai fait quelques stages à l’étranger. Je commence à revenir au Sénégal parce que j’ai ma famille là-bas. L’année prochaine, j’entame ma 7e année et on va continuer de plus belle. Je suis né en Martinique, j’ai grand là-bas et je suis arrivé en France à mes 5 ans. Mon père est sénégalais, il est de Saint Louis et ma maman est française. J’ai grandi dans une double culture. J’ai une grosse relation avec le Sénégal, vraiment très proche de ma famille là-bas.

Pour votre première participation à des JO, vous êtes éliminés dans l’épreuve des séries. Êtes-vous déçu ?

Ce n’est pas loin de mon record personnel. Je pense que sur la fin, les émotions ont un peu pris le dessus. Mais je ne suis pas déçu de ma course. Je voudrai m’en excuser auprès de mes compatriotes sénégalais pour ne pas pouvoir aller en demi-finale. Je leur promets de continuer à travailler sérieusement pour aller accrocher les tops mondiaux la saison prochaine. Et en 2028, essayer de me hisser sur le podium. Je pense que j’en ai les capacités ; il faut beaucoup travailler, de l’expérience.

Avez-vous une idée de ce que seront ces Jeux ? Comment comptez-vous travailler en direction de Los Angeles 2028 ?

Cette saison, c’était la première fois que je travaillais sur le 100m ; j’étais plutôt sur 200 et le dos. J’ai énormément progressé cette saison et je pense qu’il faut maintenant commencer à travailler sérieusement sur cette course. Je sais que j’ai une marge de progression là-dessus, sur les points techniques et sur la vitesse. Le top mondial est à ma portée et il va falloir continuer à travailler comme ça.

Le 100m nage libre est-il votre épreuve de prédilection ?

A la base, pas du tout ! Je suis plutôt sur 200 et sur le dos. Cette saison, j’ai remarqué que c’est une course où j’avais plus de points même si je n’avais suffisamment pas de points pour réaliser les minimas puisque je suis ici sur invitation. Ce n’est pas ma spécialité de base, je vais continuer à travailler là-dessus, aller chercher les minimas pour les saisons prochaines, des finales, pourquoi pas des podiums et hisser haut le drapeau national.

Le niveau de l’épreuve globalement ?

C’est la course avec le plus de niveau. C’est pourquoi on l’appelle l’épreuve reine. Il faut que je sois honnête avec moi-même, que je travaille pour …. Je ne vais pas me dire que j’ai le temps avec moi. Et dès que je rentre de ce break et des vacances, je m’y mette tout de suite. Et que j’ai des objectifs de demi-finale les saisons prochaines.

Vous allez vous concentrer sur quelle épreuve en 2028 ?

Pour l’instant, je resterai sur le 100m nage libre. Après, je ne vais pas me limiter sur une seule course. Vous voyez, Léon Marchand (nageur français qui fait 200 m brasse, 200 m papillon et 400 m 4 nage libre, Ndlr) est performant un peu partout. C’est clairement l’objectif d’être bon sur toutes les nages et voir ce que l’avenir me réserve.

Comment s’est passée votre préparation ?

La Fédération m’a envoyé cette année dans un Centre Fina à Antibes, dans le Sud de la France où je m’entraîne avec Frédéric Vergnon, un entraîneur de renommée avec plusieurs champions olympiques. Ça était très dur pour moi au début parce que c’était la première fois que je m’entraînais dans une structure de haut niveau.

Mais, j’ai beaucoup appris. Cela ne fait qu’un an que je suis là-bas mais en continuant sur cette dynamique, il y a moyens d’aller chercher quelque chose. C’est vraiment l’occasion de remercier ma fédération et je suis toujours heureux de représenter le Sénégal.

Que retenez-vous de cette première Olympiade ?

Les mots qui me reviennent à l’esprit, c’est émotion et gestion. Cela veut dire j’apprends vraiment à me connaître. Je suis vraiment fier de participer. C’est dingue avec le public de 15.000 personnes. Quand tu arrives et qu’il y a toute cette énergie, il faut savoir faire abstraction. C’est dur, je ne vais pas vous mentir. C’est la réalité du haut et les meilleurs arrivent à de servir de cette énergie pour être premiers. Donc, j’apprendrai dans le futur et je suis heureux d’y participer.

A part la natation vous faites quoi dans la vie ?

J’ai fait une licence en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), l’année prochaine je rentre en Science Po Paris, donc c’est les études, et j’aimerais à l’avenir pouvoir m’entraîner aux Etats-Unis pour me frotter aux meilleurs parce que c’est comme ça que je vais vraiment progresser. J’espère que l’année prochaine j’aurai mes diplômes pour le faire.

Je ne me sens pas français

Je ne me sens pas du tout français je ne vais pas vous mentir, je représente le Sénégal et j’en suis très fier. J’ai vu ma famille dans les gradins en train de m’encourager. Ça fait super plaisir qu’ils viennent. Ce qui m’a vraiment touché c’est tous les messages de soutien de tout le peuple sénégalais que j’ai reçu avant ma course. C’est vraiment incroyable. Je ne pensais pas qu’il y a autant de personnes derrière nous. Je suis content de pouvoir mettre un peu la lumière sur ce sport. Il faut continuer parce qu’il y a énormément de talent au Sénégal. Je ne veux pas que ça soit uniquement le foot, c’est très bien d’ailleurs, mais il faut qu’on développe les autres sports. Yves Bourhis l’a montré lundi, qu’il en est capable, il a fait une finale au canoë. Aujourd’hui de ce que j’ai compris de la nouvelle politique sportive du gouvernement, on est dans cette dynamique, on va vraiment pouvoir développer le sport. Le Sénégal est un pays qui est collé à l’océan donc il devrait y avoir énormément de talent. Il ne faut pas que les jeunes arrêtent. Si moi à l’avenir je peux faire rêver comme ça à la télé pour qu’ils deviennent après des champions d’Afrique, c’est vraiment mon objectif, arriver à développer la fédération, la natation. C’est hyper important de savoir nager aujourd’hui parce qu’il y a des gens qui meurent de noyade. Je tiens vraiment à inciter tout le monde à s’y mettre que ce soit en amateur ou en professionnel. Il faut vraiment faire rêver les gens.

Fermeture de la piscine olympique

C’est dommage, pour être honnête, c’est un problème qu’on m’a dit récemment. On m’a dit qu’au Sénégal tous les jeunes arrêtent la natation parce que la piscine olympique a été fermée. Les prochain Jeux Olympiques de la Jeunesse sont à Dakar, c’est dommage. Il ne faut pas qu’on soit que foot ou basket. Il faut que les autres sports soient là. Si moi je peux donner l’énergie aux sénégalais je serai le plus heureux du monde.

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