ACTUALITESPOLITIQUESOCIETE
[Retro 2022] Hôpital Le Dantec : Ramdam autour d’une délocalisation
Beaucoup de faits saillants ont marqué l’année 2022. Marie Khémesse Ngom Ndiaye est arrivée, de manière inattendue à la tête du ministère de la Santé, en remplacement de Abdoulaye Diouf Sarr suite à l’incendie ayant entraîné la mort des nourrissons à l’hôpital de Tivaouane. Nouveau ministre, elle hérite d’un autre dossier chaud : la délocalisation de l’Hôpital Aristide Le Dantec. Une délocalisation source de beaucoup de polémiques.
La délocalisation de l’Hôpital Aristide Le Dantec a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup ont pointé du doigt une décision prise à la hâte. D’autres ont fait passer la rumeur de la vente d’une partie du foncier de cet hôpital. Des zones d’ombre, il y en a eu dans ce dossier chaud hérité par la nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye. Des organisations de défense des Droits de l’homme sont sorties pour fixer des exigences aux autorités sanitaires, pour une meilleure prise en charge des patients. Mieux, elles ont demandé au Directeur général de l’Hôpital de veiller à ce que les employés ne soient pas envoyés en chômage technique pour servir de prétexte à leur licenciement. En réponse, le Docteur Babacar Thiandoum, Directeur général de Le Dantec rassurait ainsi que les malades sont évacués par les ambulances de l’hôpital et par le Samu national. « Il n’y aura pas de chômage technique », calmait-il.
Les assurances du ministre de la Santé
L’Etat du Sénégal a décidé de reconstruire entièrement cet hôpital centenaire. Ainsi 26 services ont été redéployés dans 10 hôpitaux et 11 centres de santé. Sur les 1 490 agents : 894 sont déjà redéployés, soit 60%. Le reste est majoritairement constitué de personnel des services de l’administration dont une partie est déjà logée au niveau du bâtiment servant de locaux administratifs de la Direction Dantec, selon le ministre de la Santé et de l’Action sociale. « L’autre partie sera envoyée aux hôpitaux une fois les conventions signées avec les structures d’accueil dans le cadre d’une convention de mise à disposition pour la durée de la reconstruction. Et il est important de noter que l’ensemble des agents déployés continue régulièrement de recevoir leurs salaires, indemnités et motivations » a expliqué Marie Khémesse Ngom Ndiaye.
Un collectif porte le combat
Les travailleurs de l’hôpital Le Dantec dénoncent une tentative d’intimidation dans le cadre d’une reconstruction nébuleuse. Une reconstruction à la limite catastrophique du fait d’un marché de gré à gré de 92 milliards de francs CFA attribué à Cantum Ghesa par le FONSIS. En effet, note le collectif, ce contrat ne respecte pas le code des marchés parce qu’il n’y avait pas un motif impérieux, ni urgence, ni risque de rupture de continuité du service public de santé. Il s’y ajoute un plan chaotique de manifestation de mauvaise prise en charge des malades et de redéploiement des travailleurs. Il ajoute que les hémodialysés sont transférés au Hangar des pèlerins sans que les conditions correctes de leur prise en charge ne soient réunies. Les malades atteints du cancer ont été contraints de quitter l’hôpital le Dantec, dans des conditions qui ont entraîné la rupture de leurs cures de chimiothérapie, des rendez-vous de malades annulés sans qu’ils soient remboursés, le redéploiement du personnel de l’hôpital est fait avec beaucoup d’amateurisme.
S’agissant du personnel, nombreux sont ces travailleurs qui ne sont toujours pas affectés. Et à l’état actuel, aucune convention officielle n’est établie afin de permettre aux travailleurs de connaître ce qui les lie avec les structures où ils sont affectés. Il faut noter aussi qu’il y a une tentative de liquidation des prestataires qui ont tout donné depuis des années pour la santé de la population et la bonne marche de l’hôpital lorsque les autorités ont eu besoin d’eux dans les moments difficiles de l’avis toujours du collectif. Le hic, c’est l’arrestation du coordonnateur dudit collectif. L’arrestation et l’incarcération du camarade Abdoulaye Dione, secrétaire général du Syndicat démocratique des travailleurs de la santé et du secteur social, par ailleurs, coordonnateur du collectif est jugé nébuleuse. Ces collègues parlent même d’une tentative d’intimidation.
La position de And Gueusseum
Pour éviter des situations macabres du genre de celles regrettables et récurrentes vécues à Linguère, à Louga et à Tivaouane, l’impérieuse nécessité de la délocalisation de l’hôpital Aristide Le Dantec s’impose, de facto, à tout Etat responsable. Du moins, selon la coalition And Gueusseum.
“Le plus important, pour les populations, le personnel et l’Etat, c’est de disposer, dans les délais requis, d’un établissement hospitalier de dernière génération à même d’offrir, au-delà des soins de qualité supérieure, d’assurer des missions de recherche et de formation de nos ressources humaines”, note l’entité. Le syndicat se démarque, dans la même veine, de “ce tohu-bohu et loin de toute considération subjective, tout en respectant le droit et le choix d’autres citoyens engagés dans des combats sur le foncier et sur le montage financier”.
C’est aussi une exigence, pour And Gueusseum, de retrouver, à la fin des travaux, un hôpital aux normes avec l’intégralité du personnel actuel de HALD avec une sécurisation de la rémunération des agents durant la séquence temporelle (un an et demi) que durera la reconstruction.
L’association des internes et anciens internes des hôpitaux du Sénégal a souffert de la délocalisation de cet hôpital. Le Docteur Khadimou Mbaye est revenu sur leurs problèmes et affirme sans ambages que le Sénégal recrute des médecins, paient leurs formations, leur alloue des indemnités et au sortir, les laissent au chômage. Autre chose, l’Hôpital Le Dantec qui a été rasé représente près de 40% des postes d’internat et il n’y a pas eu d’ouverture de postes compensatoires et le ministère demande de prendre poste à Dantec un hôpital qui n’existe plus. Le concours d’internat va ouvrir début décembre. « Ils vont recruter 68 internats alors que les internes qui sont actuellement en activité peinent à avoir des postes. Nous avons saisi à plusieurs reprises le ministère de la Santé mais que des promesses. Nous ne pouvons plus exercer dans les hôpitaux dans ces conditions-là ».