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Le Bloc-notes de Abdou GNINGUE – Un journalisme …nouveau !

Une nouvelle pratique du journalisme est née au Sénégal. Là, le journaliste est citoyen d’une cité qui s’apparente à l’Abbaye de Theleme de Rabelais. Dans cette cité, les Thelemistes agissent selon leur libre arbitre comme le veut leur unique règle de conduite à savoir…Fay ce que voudras !  On ne respecte pas le Code de la Presse qui réglemente la profession de journaliste. En matière d’infraction, l’article 5 de ce Code est clair, sur le traitement de certaines informations jugées Secret défense, du respect de l’enquête et de l’instruction. 
 
Il faut maintenant préciser que je ne donne de leçon à personne, je ne fais que rappeler  les fondamentaux que nous ont légués nos formateurs il y a 50 ans au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI)de l’Universite de Dakar,  à l’Institut Français de Presse (IFP) de l’Universite de Paris 2 Assas, et au Centre de Formation des Communicateurs Africains de l’Universite de Montréal au Canada. N’est ce pas ces Cestiens, Mamadou Amath, Ibrahima Bakhoum et les autres(la liste est longue) qui gardent jalousement ce legs de nos formateurs. Nous transmettons ces connaissances, aux étudiants, du CESTI, de l’ISSIC et de ESUP Dakar. C’est un devoir!

Tout d’abord, soulignons avec force que la place du journaliste n’est pas dans une prison mais plutôt dans une rédaction, pour informer les citoyens.  Mais sa place aussi n’est pas dans les permanences des partis politiques. 

 
Mais quand on met de côté  les fondamentaux du journalisme que l‘on enseigne dans les écoles de formation  aux sciences et techniques de l’information, on déserte les rédactions pour se mêler aux politiciens et rivaliser d’ardeur avec eux dans leurs activités. On cesse alors d’être journaliste mais un militant politique défendant les idéaux de sa formation politique. 
 
Pourtant, pour veiller au respect de ces fondamentaux, les journalistes ont créé un tribunal des pairs qu‘on appelle le Conseil pour l‘Observation des Règles d‘Ethique et de Déontologie (CORED) dans les médias au Sénégal. Il doit rappeler à l’ordre tout journaliste qui dévie de la voie tracée par la profession.
 
Le CORED est donc chargé de veiller au respect par les journalistes et les techniciens des médias et les entreprises de presse, au respect de l‘éthique et de la déontologie. Pour se conformer à cette règle de base, la première qualité du journaliste est d’éviter être sous le joug d’un pouvoir, politique, d’argent, ou autres. 
 
La dernière marche de soutien de tous les journalistes ?! professionnels à notre jeune confrère Pape Ale Niang, ne va t-elle pas encourager les jeunes en formation à le prendre  comme modèle. Les journalistes -formateurs qui participaient à la marche doivent s’attendre à une série de questions sur le sujet. Ce sera certainement un cas d’école à débattre devant des étudiants qui en ce moment sont perturbés par certaines pratiques à l’opposé de ce qu’on leur dit en classe.  
 
Que je sache aucun membre du CORED, dont la plupart ne sont plus dans les rédactions, n‘a pratiqué cette forme de journalisme qui a provoqué cette marche nationale. S‘il en existe, qu‘on nous dise dans quelle école  est enseignée cette façon de pratiquer le journalisme. C’est à dire, on demande au journaliste de mettre de côté les fondamentaux du métier de journaliste pour se livrer, les yeux fermés et les oreilles bouchées à un parti ou un leader politique et oublier sa mission première qui est: INFORMER juste et vrai, les citoyens. En se comportant de la sorte il devient un journaliste d‘OPINION. Il devient militant politique qui fait dans la propagande pour grossir les rangs de son camp politique. Certes il n‘est pas interdit au journaliste d‘être membre d‘un parti politique mais cela ne doit en aucune façon apparaître dans son travail de….journaliste!  Mieux, il est même recommandé au journaliste d‘éviter de faire  valoir un militantisme débordant et en public, pour éviter de limiter son lectorat aux membres de sa formation politique. Ce qui est toujours agréable pour le journaliste, c‘est d‘être militant mais que les lecteurs de tous les partis politiques saluent votre objectivité dans le traitement de l’information. C’est cela qu’on attend du journaliste professionnel. 
 
Il faut éviter de sombrer dans un corporatisme aveugle et hypocrite. Quand on est envahi par l’émotion, on ne raisonne plus! Il est vrai que cette émotion est une marque de fabrique de l’Africain, comme le disent les spécialistes du comportement de l’être humain. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas dotés de raison. Loin de là! 
 
Quand certains confrères, prennent le contrepied de ceux-là qui ont marché, avec une argumentation crédible, nous ne devons pas désespérer pour l‘avenir de notre profession dans ce pays.
 
Dans Walf Grand Place, notre confrère, Babacar Dione dit bien que Pape Ale Niang n’exerçait pas le métier de journaliste…Il mène un combat politique mais il ne doit pas le faire sous l‘habit de journaliste. Cette position doit être défendue pour préserver la noblesse du métier de journaliste qui doit se considérer comme une sentinelle libre et neutre.
 
Pour certains journalistes professionnels qui sont contaminés par le virus politique, la meilleure solution est de créer un journal d‘opinion, réservé aux militants. On n’a pas besoin d‘avoir un diplôme en journalisme pour écrire dans un journal d‘opinion. Ensuite il n‘est pas interdit au journaliste professionnel….militant d‘écrire dans le journal de son parti. A ses risques et périls parce que les lecteurs ne verront plus le professionnel même s‘il écrit dans un journal d‘Information. Il sera catalogué de militant. Un point c’est tout. 
 
Et puis, on nous dit que c’est un journalisme d‘investigation qu‘exerce Pape Ale Niang. 
 
Le journalisme d‘investigation ne se fait pas sous la tyrannie de l’opinion publique qui vous gonfle et vous vous prenez pour le meilleur journaliste au monde. La discrétion une qualité indispensable pour le journaliste d’investigation ! 
 
On ne peut pas être journaliste d’investigation et avoir comme une de ses sources….les réseaux  sociaux dont les informations, sont rarement recoupées et ne sont que des rumeurs pour faire le Buzz ! Eh oui! On nous a enseigné à l’ecole, que toute information non vérifiée et recoupée, est une Rumeur!. Un souteneur de Pape Ale Niang a dit, au sortir de l’audition avec le juge, que le journaliste a puisé certaines informations dans les…réseaux sociaux ! C’est tout sauf de la rigueur exigée du journaliste professionnel.  C’est aux antipodes de la qualité et de l‘exigence requises pour tout journaliste même d‘investigation. Toute autre attitude est de l‘amateurisme ou du populisme dicté par cette fameuse tyrannie de l‘opinion publique! 
 
Au fait pourquoi tout ce remue ménage autour du métier de journaliste au Sénégal ? Ibrahima Lissa Faye, du comite d’organisation de la marche, a répondu en disant au micro de Alimou Ba de la RFM que : notre métier prend eau de toute part. 
 
Il est donc temps qu’on s’asseye pour remettre à flot ce noble métier qu’est le Journalisme !
 
Vivement les prochaines assises sur la presse, pour laver le linge trop sale, en famille en voie de dislocation très avancée !

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