(Vidéo) 180 athlètes – 10 pays – 15 millions : Manirou Dembele dévoile les coulisses du meeting de Kaolack ce 19 avril !


Président de l’Association Athlétisme Sénégal, agent agréé auprès de World Athletics et ancien athlète, Manirou Dembélé est l’un des visages les plus engagés pour le développement de l’athlétisme au Sénégal. À l’approche du Meeting international de Kaolack, prévu le 19 avril au stade Lamine Guèye, il revient sur les objectifs de l’événement, les difficultés rencontrées, les ambitions de son association et les défis du sport de haut niveau.
Quel est l’objectif de l’Association Athlétisme Sénégal et quelles sont ses principales activités ?
L’association existe depuis plus de 12 ans. Elle est née d’un constat : malgré de belles performances, les athlètes sénégalais manquaient cruellement de visibilité. On a commencé par créer une page sur les réseaux sociaux, qui a rapidement réuni des pratiquants et d’anciens athlètes. Ensuite, on a lancé notre première action : “Un athlète, une paire de pointes”. Grâce à cette initiative, plus de 1000 paires de chaussures ont été collectées et distribuées dans les régions du pays.
On a ensuite organisé des stages avec d’autres structures, toujours avec l’envie d’agir concrètement. Et c’est ainsi qu’est née l’idée des meetings internationaux, pour offrir une vraie tribune d’expression aux jeunes talents.
Pourquoi avoir choisi Kaolack cette année ?
L’année dernière, la première édition s’est tenue à Saint-Louis et a été un vrai succès. Cette année, on souhaitait revenir à Saint-Louis, tout en lançant une nouvelle étape à Kaolack. Malheureusement, notre budget ne nous a pas permis de maintenir les deux. De plus, la piste de Saint-Louis est dans un état dégradé, donc inutilisable.
À Kaolack, en revanche, la dynamique est forte. La ville, les autorités locales et la ligue régionale sont nos partenaires. C’est un cadre idéal.
Dans quel état se trouve la piste du stade Lamine Guèye ?
La piste est neuve. Elle a été réceptionnée en décembre dernier. Je l’ai personnellement inspectée en février : elle est rapide et conforme aux standards. Le seul défi sera la chaleur : on prévoit près de 44°C. Pour y faire face, on a décidé d’organiser un meeting semi-nocturne. Les épreuves commenceront à 17h45 et s’achèveront vers 21h. Cela nous impose des frais supplémentaires (notamment une nuitée de plus), mais c’est essentiel pour le confort des athlètes.
[embedded content]Combien d’athlètes sont attendus ?
Nous avons déjà la confirmation de dix pays, et plus de 180 athlètes participeront. Le CICAD, basé à Dakar, nous permet de loger tout le monde. Nous aurons également des athlètes venant de Belgique et du Royaume-Uni. C’est un meeting inscrit au calendrier de World Athletics, donc les participants peuvent y récolter des points précieux.
Nous avions l’ambition d’élargir la participation, mais nous avons dû la revoir à la baisse faute de soutien. Nos courriers adressés au ministère des Sports ou au CNOSS sont restés sans réponse.
Des stars comme Louis François Mendy ou Mamadou Fall Sarr seront-elles présentes ?
Louis François Mendy est actuellement en préparation en Espagne. Il s’entraîne dur pour s’adapter à son nouveau cadre de vie. En tant que son agent, je privilégie toujours l’intérêt de l’athlète. Mamadou Fall Sarr, lui, revient tout juste des Mondiaux. Il a besoin de repos. En revanche, Fatou Gaye et d’autres internationaux seront bien présents.
Quel est le budget de l’événement ?
Il s’élève à 15 millions de francs CFA. En athlétisme, tous les participants sont pris en charge : transport, hébergement, restauration, primes de performance… Tout est à nos frais. Nous n’avons aucun soutien financier de l’État à ce jour, malgré nos démarches entamées dès décembre. Nous avons reçu une lettre de félicitations de la ministre des Sports pour l’édition passée, mais aucun appui concret pour cette année. Pourtant, ces événements participent au rayonnement du pays et au développement du tourisme sportif.
Pourquoi êtes-vous devenu agent après votre carrière d’athlète ?
Je suis un amoureux de l’athlétisme. Certains anciens athlètes se reconvertissent comme agents dans d’autres disciplines, mais moi j’ai voulu rester dans mon sport. Être agent, c’est difficile. Je voyage, je cherche des compétitions, des sponsors… Mon objectif, c’est de professionnaliser davantage le parcours des athlètes. Ils s’entraînent deux fois par jour, ils donnent tout. Ils ne doivent pas juste gagner des titres, mais pouvoir vivre de leur métier. En tant qu’ancien, j’essaie de leur apporter ce que je n’ai pas eu.
Quel appel lancez-vous aux autorités pour le développement des infrastructures ?
On sait que la piste du stade Léopold Sédar Senghor est de nouveau opérationnelle. Celle du stade Ely Manel Fall à Diourbel a également été rénovée. Et d’autres sont annoncées par la ministre. C’est encourageant. Mais il faut aller plus loin. Saint-Louis est la deuxième ville du Sénégal en nombre d’athlètes. Il est donc urgent de réhabiliter la piste du stade Babacar Sèye. Et surtout, il faut entretenir ces infrastructures, pour permettre une meilleure pratique au quotidien.
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